Le peuple Inuit Thulé a survécu durant des millénaires dans les vastes étendues arides de l’Arctique canadien. Peuple intrépide et ingénieux, il est peu probable qu’il ait pu survivre à ces conditions rudes et difficiles sans son compagnon bien-aimé, le « qimmiq » (chien), connu sous le nom de chien esquimau canadien pour ceux d’entre nous qui ne parlons pas la langue inuktitut.
Accompagnant leurs tribus de l’Asie à l’Amérique du Nord, l’existence de ces chiens était inextricablement liée à celles des Inuits. Ils étaient avant tout des chiens de trait – on s’attendait à ce que chaque chien puisse tirer des charges allant de 45 à 80 kilos en couvrant des distances de 15 à 70 milles par jour. Le chien esquimau canadien représentait pour les peuples du Grand Nord ce que le chameau représentait pour les habitants du désert. Ils étaient en outre d’une aide précieuse aux chasseurs pour localiser les trous de respiration des phoques et pour retenir le bœuf musqué et l’ours polaire.
On estime que dans les années 1920, on comptait environ 20 000 chiens esquimaux canadiens qui vivaient et travaillaient auprès des Inuits dans le Nord du Canada depuis les temps anciens. Toutefois, l’arrivée de la motoneige dans les années 60 combiné avec un abattage massif et systématique des chiens inuits par la GRC sur instruction du gouvernement a mené à une chute dramatique de leurs nombres. De plus, l’introduction de races venant du Sud et autres races de chiens de traîneau, notamment les husky sibériens, a sonné le déclin de ces petites populations vulnérables aux maladies et aux croisements. En fait, en 1963 il n’y avait qu’un seul chien esquimau canadien inscrit dans le livre des origines du Club Canin Canadien et on a déclaré l’extinction de la race.
Refusant d’accepter cette perte d’un aspect important du patrimoine culturel inuit, une équipe soutenue par le gouvernement canadien et le Club Canin Canadien dont faisaient partie William Carpenter, Bill Thompson, John McGrath et Brian Ladoon, a entrepris des recherches dans les endroits les plus éloignés de l’Arctique canadien dans l’espoir de trouver des chiens esquimaux canadiens de race pure. Leurs efforts se sont avérés fructueux car ils ont non seulement localisé des populations restantes dans des endroits inaccessibles du Nord, ils ont aussi établi un programme d’élevage sérieux qui a résulté en de populations significatives.
Aujourd’hui, la lutte pour la survie de la race continue, car le nombre de chiens esquimaux canadiens de race pure et enregistrés se situe à un peu moins de 300. On espère que la reconnaissance du chien esquimau canadien par la FCI en 2018 attirera une attention internationale et une nouvelle appréciation qui permettront la survie de cette race primitive et aborigène du peuple autochtone Inuit du Canada.
À première vue, la structure et la stature du chien esquimau canadien sont des indices de son rôle inhérent – force, puissance et endurance s’unissent pour produire une race résistante capable de grands efforts qui non seulement peut subsister, mais qui peut prospérer malgré de maigres rations dans des endroits au climat et à l’environnement inhospitaliers.
Un chien de type spitz de dimensions moyennes à l’encolure et la poitrine fortes et aux membres de longueur moyenne, le chien esquimau canadien a évolué avec très peu d’intervention humaine. Par conséquent, une certaine variation de la taille, de la robe et de la couleur est admise. Il s’agit d’une race nettement dimorphe avec une différence prononcée entre les mâles et les femelles. La robe est épaisse et dense avec un poil de couverture rude et un sous poil laineux et isolant. Les mâles peuvent avoir une crinière couvrant la nuque et les épaules, les femelles ont généralement une fourrure plus courte. Le poil est beaucoup plus abondant en hiver chez les deux sexes. La hauteur au garrot des mâles est de 58 à 70 cm. et chez les femelles, de 50 à 60 cm. Leurs poids varient de 30 à 40 kg et 18 à 30 kg respectivement. La colonne vertébrale et les os des hanches, palpés sous la robe, sont bien marqués. Quoique la couleur importe peu, il faut souligner que les patrons bringés et merles n’existent pas.
Le toilettage doit être maintenu au strict minimum et souvent ces chiens ne sont pas lavés en hiver. Ils doivent être exposés en bonne condition physique conformément à leurs fonctions, et les marques laissées par les colliers et les harnais ou causées par les autres chiens de la meute, si distrayantes qu’elles soient, ne doivent pas être pénalisées dans l’enceinte. Lors de l’évaluation du chien esquimau canadien, il faut se rappeler qu’il s’agit d’un chien de travail primitif qui ne doit pas être considéré comme un chien de compagnie. Mieux vaut lui témoigner un certain respect sans toutefois être méfiant ou trop prudent. Il faut l’aborder de façon calme et confiante, de préférence depuis le devant en diagonale plutôt que de l’arrière ou droit devant. On recommande de lui parler lors de l’approche et d’éviter un contact visuel direct ou des mouvements brusques qui pourraient être interprétés comme un défi ou des mauvaises manières. Il est important de lui accorder suffisamment d’espace et de temps – plus que pour d’autres races – car les bains de foule et le bousculement risquent de le stresser et de susciter des réactions négatives. Les examens au toucher doivent être effectués rapidement, encore pour minimiser le stress. Avec un peu de compréhension, le chien esquimau canadien se présente comme étant un sujet vif, intelligent, de forte volonté et indépendant. Le
standard de race du chien esquimau canadien offre de plus amples renseignements sur cette race indigène du Canada.