Comment coexister avec ce membre de la famille des canidés
J’ai récemment aperçu un coyote en promenant mes chiens dans un parc du centre-ville de Toronto en plein après-midi. J’en avais observé deux il y a environ un an lorsque j’étais au gymnase car une des fenêtres s’ouvre sur une voie ferrée. Je croyais alors qu’ils s’étaient égarés (en sautant dans un wagon à la recherche de nourriture lors de l’arrêt du train pour se retrouver en ville).
Mais en parlant à de plus en plus de propriétaires de chiens vivant au cœur de la ville, j’ai bientôt réalisé que les coyotes ne sont pas simplement de passage; ils quittent les régions rurales et sont bien installés dans les zones urbaines.
L’attrait principal des villes est simple – la nourriture. Nos aliments se transforment en restes et en déchets et attirent les rongeurs, une des sources préférées de nourriture pour les coyotes. On trouve les coyotes partout en Amérique du Nord, ce qui n’est pas cause d’alarme si on les aperçoit car ils ne sont pas considérés un risque pour les humains. Ils s’en méfient et ils ont tendance à les fuir, mais il ne faut pas oublier que ce sont des animaux sauvages et le contact est à éviter. En revanche, les coyotes posent un danger pour nos chiens.
La bonne nouvelle est que la majorité des interactions négatives avec les coyotes sont évitables. En étant informés et sensibilisés à la faune et en agissant de manière responsable et respectueuse, il est possible de coexister.
Connaître le coyote
Le coyote (
canis latrans) est un animal qui possède une facilité d’adaptation remarquable. Il s’agit d’une espèce indigène dont l’extension de l’aire est attribuable à la modification du paysage par les humains et l’intolérance des humains pour les loups, son ennemi naturel. Au départ, le coyote était présent dans la région des Grandes Plaines, mais on le trouve aujourd’hui dans de nombreuses parties de l’Amérique du Nord et du Centre. Les coyotes jouent toutefois un rôle important dans l’écosystème en assurant un certain contrôle de la population de rongeurs.
L’extension de l’aire du coyote correspond à l’expansion de son menu. À l’origine limité aux lapins, souris et insectes, ils attaquent aujourd’hui avec enthousiasme une variété étonnante de nourriture qui inclut les oiseaux, les petits mammifères, le bétail, les fruits, les légumes et même les déchets. Leur habitat peut se trouver dans les forêts, les champs, les milieux marécageux, les parcs, les terrains de golf, les cours et les zones de construction.
Les coyotes sont généralement monogames et les couples peuvent demeurer ensemble de nombreuses années. La saison de reproduction s’étend de décembre à mars, et la portée qui nait au début du printemps comprend de quatre à sept petits. Le soin des petits est une affaire de famille; les deux parents ainsi que les aînés s’occupent des nouveau-nés. Les coyotes aménagent leur tanière dans un trou entre les roches et ils utilisent parfois les terriers abandonnés par d’autres animaux. La tanière est délaissée une fois les petits sevrés. Les coyotes atteignent la taille adulte vers l’âge de neuf mois et certains restent avec la meute, mais d’autres la quittent.
La meute est dirigée par une femelle et un mâle dominants qui forment un couple. Elle peut aussi inclure les petits d’une portée courante ainsi que des jeunes d’une ancienne portée en plus d’autres individus acceptés par la meute. La grandeur de la meute dépend largement sur la disponibilité de la nourriture. Celles qui ont une alimentation naturelle sont plus petites que celles qui bénéficient de la générosité des humains, qu’elle soit intentionnelle ou non.
Les coyotes sont plutôt nocturnes, mais ils sont parfois actifs au crépuscule et à l’aube. Lorsqu’une portée doit être nourrie, la chasse a lieu à toute heure. Ils chassent seuls ou en paires, mais rarement en meute (sauf quand il s’agit d’abattre les grands ongulés comme les cerfs).
Tout comme les chiens, le territoire d’une meute est marqué par leur urine, mais contrairement à nos compagnons canins, ils utilisent aussi leurs excréments pour marquer leur territoire immédiat. Quant au nombre de coyotes dans une meute, tout dépend de la disponibilité de la nourriture tel que mentionné plus haut.
Tous les coyotes ne font pas nécessairement partie d’une meute. Il arrive qu’un jeune ait récemment quitté sa meute ou qu’un coyote âgé ou malade ait été forcé à l’abandonner. Ces coyotes transitoires ne sont pas territoriaux car ils peuvent parcourir un vaste territoire qui couvre plusieurs zones.
Une caractéristique du coyote sont les sons qu’il produit : le hurlement pour indiquer le lieu où il se trouve, le jappement pour avertir qu’un danger est imminent, le grognement pour établir sa dominance, les glapissements lorsqu’il retrouve sa meute et les aboiements d’un ton aigu et perçant lorsqu’il appelle les petits.
Décourager la présence de coyotes
Nous pouvons tous travailler ensemble pour décourager la présence de coyotes dans nos quartiers. Il faut d’abord élaborer et mettre en pratique des règlements et adopter de nouvelles habitudes.
Ne laissez jamais de la nourriture pour les coyotes; il va sans dire qu’il ne faut pas les nourrir. Cela leur apprend que le fait de se rapprocher des humains est une garantie d’un bon repas. Éliminez les sources de nourriture dans votre terrain, y compris des fruits tombés des arbres. Les aliments pour oiseaux, telles les graines, doivent être balayées et enlevées du sol car elles attirent les rongeurs. Rangez les déchets, le compost et la nourriture pour animaux dans des contenants auxquels les coyotes ne peuvent accéder.
Surveillez toujours votre chien lorsqu’il est dans la cour. Les petits chiens surtout ne devraient pas pouvoir courir ou explorer en toute liberté. Ramassez leurs déjections car elles attirent les coyotes. Portez une attention particulière lorsque vous sortez vos chiens en soirée. Si vous devez le faire, gardez-les en laisse. Les coyotes mâles sont très attirés par les femelles en chaleur et peuvent s’accoupler avec les chiens domestiques – surveillez de près toute femelle en chaleur.
Éliminez les broussailles, les débris, les tas de bois, etc. et coupez le gazon long car ces conditions offrent des endroits où établir une tanière et favorisent la présence de rongeurs, une source de nourriture pour les coyotes.
Utiliser des grillages (métalliques) pour boucher les ouvertures sous les balcons, patios et remises. Les détecteurs de mouvement et les arrosoirs peuvent aussi décourager la présence d’animaux sauvages, mais sachez que les coyotes sont très intelligents et pourront rapidement trouver une façon de contourner les obstacles.
Rencontrer un coyote
Si vous promenez vos chiens dans un endroit connu pour les rencontres avec les coyotes, gardez-les en laisse en tout temps. Si vous en rencontrez, vous devez paraître agressif. Tenez-vous droit, agitez vos bras au-dessus de la tête pour paraître plus grand, criez, tapez les mains et faites beaucoup de bruit. Si vous avez une canne ou un bâton de randonneur, agitez-le et frappez le sol. Lancez des objets tels des pierres près du coyote pour lui faire peur. N’arrêtez pas jusqu’à ce que l’animal ait quitté l’endroit.
Ne tournez jamais le dos à un coyote car cela pourrait déclencher leur instinct de prédateur. Ne vous sauvez jamais en courant.
Si vous voyez des petits, ou si vous soupçonnez qu’il y en a dans les environs, ou si le coyote ne semble pas avoir peur, reculez en faisant face à l’animal. Changez le parcours que vous empruntez habituellement pour vos promenades. Le coyote quittera très probablement les lieux éventuellement.
Si vous rencontrez une meute de coyotes, ciblez vos gestes et votre attention sur celui qui semble être l’animal dominant et le plus près de vous; il est probable que la meute suive son exemple.
Les odeurs – une méthode de dissuasion
On utilise depuis longtemps les odeurs pour chasser les coyotes. Les plus communes sont l’urine de loup, les boules antimites, et les chiffons trempés dans l’ammoniac. Des odeurs dissuasives doivent être placées autour de la propriété pour tenir les animaux à l’écart. Vous pouvez aussi les poser près des poubelles pour masquer les odeurs de nourriture. Il faudra toutefois les remplacer régulièrement ce qui pourrait s’avérer onéreux.
Les clôtures
Les pattes antérieures du coyote lui permettent de grimper alors que les membres postérieurs le propulsent le reste de la distance à franchir. Les clôtures doivent donc avoir plus de six pieds de haut pour être efficaces. Mais comble du malheur, les coyotes peuvent aussi creuser; la clôture doit donc se prolonger au moins huit pouces dans le sol.
Les clôtures électrifiées peuvent être moins hautes, mais rappelez-vous que les animaux domestiques et les humains qui touchent la clôture subiront eux aussi un choc.
Vous pouvez également poser un système de rouleaux sur une clôture de métal, ce qui les empêchera de s’agripper à la clôture. Ces rouleaux sont conçus en prenant en considération le saut d’un coyote et pour cette raison, ils sont généralement assez efficaces, quoiqu’un peu dispendieux. Plusieurs trouvent que c’est une solution qui fonctionne.
Les animaux de garde de bétail
Une manière de protéger une ferme et le bétail des coyotes est d’investir en une race de chien de garde de bétail. Ces races ont été développées pour garder les troupeaux, les protéger des prédateurs, et les défendre quel qu’en soit le coût. Parmi ces races on trouve le komondor, le montagne des Pyérénées, le dogue du Tibet et le berger d’Anatolie. Notez toutefois que l’achat d’un chien exige une profonde réflexion, énormément de recherches et une planification minutieuse. Ces races extrêmement puissantes ne font pas exception.
En rendant difficile l’accès à la nourriture, en les intimidant lorsqu’ils se rapprochent de nous, et en surveillant nos chiens lorsqu’ils sont à l’extérieur, il est possible de coexister avec ces animaux sauvages.
Si vous habitez dans une zone rurale et que malgré tous vos efforts la situation devient intenable, contactez les responsables de votre région et consultez la loi sur la protection des poissons et de la faune en vigueur avant de tuer ou de piéger un coyote car cela pourrait être interdit ou il est possible qu’un rapport soit exigé.
Références
« Éviter et gérer les conflits avec les coyotes, les loups et les renards. » www.ontario.ca. Ministère des richesses naturelles et des forêts, 27 Mars 2018. Web.
« Coyote Prevention & Repellent Review ». Wildlife-removal. Nuisance Wildlife Trappers, 2018. Web.
« Coyotes 101 ».CoyoteSmarts.org. Coyote Smarts. N. Web.